Publication du livre En herbe de Florence Chevallier

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Couverture En herbe de Florence Chevallier

En herbe
Florence Chevallier
Éditions Arnaud Bizalion
ISBN 978-2-36980-219-8
28 euros 
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C’est un joli petit livre au format intimiste (20 x 22,8 cm) et à la couverture rigide, remarquablement imprimé, édité par Arnaud Bizalion (Arles) et sobrement intitulé En herbe.

« En herbe » renvoie à la transformation d’une enfant à l’image de l’herbe qui pousse, mais aussi au cadre pastoral des prises de vues.

Cela fait presque 15 ans que Florence Chevallier photographie en couleur la petite-fille de son compagnon André Guenoun, Gabrielle, dans leur maison, de l’enfance à l’adolescence, près de la rivière, dans le jardin et la forêt voisine.

Ancienne membre du groupe mythique Noir Limite (aux côtés des talentueux Jean-Claude Bélégou et Yves Trémorin) a su en portraitiste au regard aiguisé capturer avec beaucoup de sensibilité et une juste distance la lente métamorphose de l’enfant devenant jeune fille.

Le livre s’ouvre par un long dialogue entre la photographe et son modèle dont la beauté intemporelle, parfois mystérieuse, entre présence et absence, fait penser à des madones picturales de la Renaissance : « Florence : Tu me demandes combien de temps encore je vais te photographier. Je te réponds jusqu’à ma mort. J’ai planté un rosier ancien pour ta naissance. Je te donne régulièrement des nouvelles de sa floraison. […] Gabrielle : Tu me disais la direction où je regarde. Ça ne me dérangeait pas. J’aimais beaucoup ces moments. » 

ll se conclut par un texte de la critique d’art Magali Nachtergael qui déclare à juste titre que la photographe « invite à une attention délicate, légèrement caressante, de la surface photographique. » La qualité de l’impression renforce ce sentiment.

Dans ces scènes champêtres, la jeune modèle se prête en effet de bonne grâce au jeu de la pose. Le regard pudique de la photographe est tendre mais dénué de toute mièvrerie. Tour à tour souriante, grimaçante, ou plus inexpressive et mystérieuse, consciente d’elle-même ou au contraire dans l’oubli, l’abandon se soi, Gabrielle fait parfois songer aux modèles juvéniles de Julia Margaret Cameron ou de Lewis Caroll : ce sont aussi les origines de l’histoire de la photographie que Florence Chevallier convoque dans ce travail de longue haleine.