La dimension critique du réseau

Revue d’art depuis 2006

Victor Maziere

  • LAURIE DALL’AVA, DE SOUFRE ET D’AZOTE

    Lorsqu’elle parle de son travail, Laurie Dall’Ava évoque fréquemment l’idée de neutralité et d’entre-deux : privilégiant la fonction indicielle de l’image et les processus d’espacements, ses séries cherchent à susciter des liaisons « conceptuelles-imaginaires » par la juxtaposition de sources très diverses — photographies prises durant ses voyages, documents anthropologiques, archives appartenant au monde pharmaco-chimique, à la géologie,…

  • Emilie Benoist : Géobiologies d’un territoire mycellaire

    « L’esprit humain et la terre sont constamment en voie d’érosion ; des rivières mentales emportent des berges abstraites, les ondes du cerveau ébranlent des falaises de pensée ; les idées se déli-tent en blocs d’ignorance et les cristallisations conceptuelles éclatent en dépôt de raison grave-leuse ». C’est par ces phrases que s’ouvre « Une sédimentation de l’esprit »(1) : en quelques…

  • Consteller le Temps

    Le projet conçu par Léa Bismuth pour Les Tanneries s’inspire librement d’un texte d’Auguste Blanqui, L’Eternité par les astres, qui donne également son titre à l’exposition : écrit pendant une période d’incarcération au Fort du Taureau, ce traité d’astronomie pourrait surprendre par son propos, en apparence très éloigné de la pensée politique du théoricien de la…

  • RACHEL MARKS, INNERGRATION

    Innergration : ce mot, inventé par Rachel Marks, pourrait résumer à lui seul l’intrication d’intime et d’extime, qui forme la trame conceptuelle de son travail. Dans la recherche performative qu’elle mène depuis plusieurs années, le voyage occupe d’ailleurs une place centrale : voyage physique tout d’abord, qui l’a conduite des Etats-Unis vers l’Europe, mais aussi psychique, puisqu’il…

  • FANTÔME, SECOND VOLET

    Pour le second volet de Fantôme, Sarah Marcadante et Benoît Blanchard ont conçu une scéno-graphie où différentes strates de spectralité s’entrecroisent et se répondent, explorant ainsi une temporalité non-linéaire de la production des images et des objets : comme si, avant toute cons-truction, avant même toute forme (forme-marchande endeuillée par la valeur d’usage qui l’affectera, ouverture…

  • Emmanuel Le Cerf, « I keep hell clean for your return »,

    Pour sa première exposition personnelle à la galerie Escougnou Cetraro, Emmanuel Le Cerf a conçu un parcours fragmentaire, où le visiteur semble pris au piège, non seulement d’un jeu de pistes mémoriel, mais aussi d’une mécanique illusionniste qui masque ses propres lois causales en égarant le regard. Le titre de l’exposition lui-même, « I keep hell…

  • FABRICE SAMYN, SÉDIMHANTER L’AUBE DES IMAGES

    Pour « Solipsism », présenté à la galerie Meessen De Clercq de Bruxelles, Fabrice Samyn poursuit sa déconstruction de l’ontologie des images, faisant de l’exposition elle-même un processus d’anamnèse, où se rejoindraient, comme dans une origine commune absente, la métaphysique, la mythologie et la sémiotique. Car si dans toute trace s’inscrit une mémoire manquante, l’archive, dès lors,…

  • « Mon angoisse est enfin l’absolue souveraine » (Georges Bataille, Madame Edwarda)

    Pour sa réouverture, Labanque de Béthune accueille Dépenses, premier volet de La Traversée des inquiétudes, une trilogie inspirée par Georges Bataille. Pour cette proposition inaugurale, consacrée à La Part maudite, Léa Bismuth, commissaire du projet, a librement croisé deux axes de lecture : le premier explore l’influence « historique » de Bataille (au travers de Pierre Klossowski, Michel…

  • Angelika Markul, une archéologie des mondes futurs

    Des premiers travaux présentés à la Fondation Cartier jusqu’à Terre de Départ et Excavations of the Future (1), à la galerie Laurence Bernard, chaque projet d’Angelika Markul construit un éther sensoriel spécifique, immergeant le visiteur dans un « milieu expérimental » sans début ni fin, traversé par un Dehors insituable : d’où peut-être ce sentiment, que l’on ressent…

  • Dorothée Smith, éléments de spectralité

    Depuis son invention, la photographie semble entretenir une relation privilégiée avec les fantômes : comme si la forteresse naturaliste de l’indice, minée dès sa naissance par un « principe d’irréalité », avait d’emblée installé la trace au carrefour paradoxal de la science et du spiritisme. Car si la photographie fut bien pleinement une invention de son temps, c’est…