
Formes d’idéologie. Écrits sur l’image
Victor Burgin
Éditions Mimésis
24 euros
ISBN 978-88-6976-457-8
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Formes d’idéologie. Écrits sur l’image est un recueil de douze essais de Victor Burgin. Rédigés entre 1982 et 2024, ils s’intéressent à la part politique et idéologique de l’esthétique, toutes sortes images et d’œuvres iconiques et cinématographiques jusqu’à l’IA sont mises à la question de façon philosophique critique.
Victor Burgin, né Sheffield en Angleterre en 1941, est artiste, universitaire et théoricien de l’image agissant sur la représentation et les codes sociaux qui la régissent. Après des études au Royal College of Art à Londres et à Yale aux États-Unis, il s’est fait connaître comme un des pionniers de l’art conceptuel dès la fin des années 1960. Il a ainsi participé à Quand les attitudes deviennent formes à la Kunsthalle de Berne en 1969. Depuis plus de cinquante ans, il explore en œuvre et en théorie les arts médiatiques à travers les relations entre les images fixes, les images en mouvement et les textes, il exploite notamment leurs fonctions narratives et sémiologiques. Parmi ses nombreux ouvrages, citons : Thinking Photography, The End of Art Theory: Criticism and Postmodernity, In/Different Spaces: Place and Memory in Visual Culture. En France il a bénéficié récemment d’une exposition rétrospective au Jeu de Paume Ça fin 2023, début 2024, commissariat de Pia Viewing.
Deux œuvres de théoriciens français du XXe siècle accompagnent constamment l’auteur dans sa réflexion. Le premier est Roland Barthes, le second Walter Benjamin. Il s’agit pour lui de revisiter leur démarche pour en montrer la portée contemporaine ou de réactualiser certains aspects de leur pensée. Un troisième auteur est mis à contribution dans cette étude Jacques Rancière dont il questionne les avancées sur un art engagé et les éléments consensuels de cette posture. Il y oppose le travail d’Alfredo Jaar « après l’évènement ». Il conclut cette partie sur un appel à la clarification du champ documentaire.
L’autre apport théorique important est constitué de ses références à de nombreux autres chercheurs universitaires ou critiques, surtout américains, dont les avancées n’ont pas toujours été médiatisées dans notre pays. Il nous incite à lire Laura Mulvey Plaisir visuel et cinéma narratif qui fait le point sur le regard pervers dans une lecture actuelle de Freud. D’autres champs sont explorés dans des comparaisons de différents arts pas toujours étudiés dans leur relation ainsi L’architecture et le non-cinématographique d’Antony Vidler.
Les solutions technologiques plus récentes sont abordées avec l’évocation de Visual Digital Culture d’Andrew Darley qui en critique l’exacerbation de la forme. L’auteur fait le rapprochement avec une de ses œuvres, Le film qui me reste en mémoire où il étudie les hétérotopies cinématographiques de productions filmiques existant au delà de la salle. Il nous introduit aussi aux recherches complémentaires de David Rodowick The Virtual Life of Film où l’imagerie ordinateur est considérée comme la 3e révolution de l’espace pictural, ce qui rejoint l’approche de Lev Manovich dans The Language of New Media. Leurs propos rejoignent ceux de Felix Guattari dans Chaosmos quand il écrit « qu’une écologie du virtuel s’impose donc tout autant que les écologies du monde visible ».
À propos de l’Intelligence artificielle, il nous invite à découvrir les propositions de Joanna Zylinska Machine Visions and Warped Dreams et sa critique de l’esthétique vide d’un art « Candy Crush », décoratif ou didactique. Il encourage en conclusion un art en rapport avec le fantasme individuel et social, il s’appuie pour ce faire sur une citation de Deleuze dans Qu’est-ce que la création : « Il n’y a pas d’œuvre d’art qui ne fasse appel à un peuple qui n’existe pas encore ».