Kan – Espoir, Acrylique 2025

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KAN, Espoir, M.U.R. Bastille

38 rue de la Roquette, 75011 Paris, novembre 2025 – février 2026

https://www.instagram.com/lemurbastille/. Raphy et Pascale Cohen, Le M.U.R. (Modulable Urbain Réactif) Bastille, direction artistique Cyrille Gouyette. Événement éphémère « De pierre et de papier », l’œuvre s’encre dans une lithographie imprimée par Michael Woolworth.

Dans notre société où les smileys, les émoticônes et les émojis tendent à exprimer a minima les interrelations sociales et où l’image, prioritairement écranique, parade de violence, quels pourraient être aujourd’hui le signe, l’indice et le visage de l’espoir ? Quelle figure en faire résonner en réponse à l’indifférence de la rue, aux émeutes urbaines, au réel de la révolte, à la violence ordinaire, quelquefois fascinante, de ceux qui n’ont rien à perdre, que le quotidien d’une vie sans lendemain ?

Kan, au nom inspiré par la bombe de peinture des graffeurs, a mis en image, dans différents lieux, ces colères, pour questionner le quotidien. Sur le mur de la Bastille, il a choisi une vision plus irénique. Graphiste, membre du collectif DMV (Da Mental Vaporz), après le constat d’un relatif épuisement de la répétition graphique du graff, et du tag – « J’en ai eu marre d’écrire sans cesse mon nom » –, il a développé une recherche picturale de réinterprétation de l’histoire de l’art, entre autres du pointillisme de Paul Signac au pop art de Roy Lichtenstein, faisant du pixel coloré un langage graphique. 

Le visage d’une jeune femme, de trois quarts, dans lequel on pourrait reconnaître à la fois une des figures génériques qui peuplent l’Internet et la projection dans quelques années du visage d’une fillette aimée, peut-être la fille de l’artiste, lève son regard vers un ciel imaginaire ou réel, en devenir plus serein.

Composé de peu de points qui laissent imaginer les pupilles dans l’équilibre des points bleus, souligné par deux ombres, le regard est lumineux, tourné vers un avenir qui pourrait être radieux. L’art éphémère et l’art numérique, le tracé point par point, préparé à partir d’une photographie, selon un code informatique développé par l’artiste en une trame d’impression sur grille, se fécondent mutuellement sur l’aplat du mur en réserve blanche. Les points, de différentes tailles selon le modelé du visage, les ombres et le fond, sont reportés à la peinture acrylique par des tampons de différentes tailles selon un espacement prédéterminé. La peinture Flashe, aux couleurs métalliques, aspire, dans les déclinaisons chromatiques d’une palette limitée, les irrégularités de la surface, fait œuvre des dimensions et des hasards du mur dans une méditation sur les horizons d’attente possibles.

La formation de l’image est optique ; le visage prend du volume, acquiert son relief et ses traits avec quelques pas de recul ou s’affiche immédiatement, dans ce mixte entre la tradition picturale et les technologies du calcul, sur l’écran dusmartphone, interrogeant les subtilités du regard appareillé ou non. Dans l’équilibre de lumière créé par la densité et la taille variable des points associés ou dissociés en couleurs chaudes et froides, se lit autant l’intemporel que l’aspiration à un réel différent.