Alexandre Arminjon, La Lune noire 

« Le désert d’Atacama. Loin, très loin, là où même les notes de la guitare de Paco Ibañez se dérobent dans le silence assourdissant du minéral. Lune noire, solitude. La nuit, extérieure et intérieure, sans étoile, brûle de son obscurité.
Alexandre Arminjon s’est posé dans le désert d’Atacama avec une chambre 4×5’’.

Il y a photographié le sable, les roches, les murs de sel et les lagunes ; il a expérimenté en perte d’échelle les potentialités de l’appareil et du film à rendre la minéralité figée et silencieuse des formes empreintes tantôt de sublime, tantôt d’effroi. »

De grands tirages, réalisés avec Diamantino Quintas, en dessinent l’univers mental, la bascule fragile entre la recherche de repères et celle et leur absence. Des négatifs de l’immobilité, l’artiste a testé la malléabilité. Convoquant l’énergie du soleil noir, il a fait de l’imprévisible de la chimie et du papier, de l’incontrôlé de l’inversion des émulsions, un processus de reproductibilité et d’hybridation de la lumière.

Solarisant les tirages, il brûle le ciel, les contours et les ombres, il assourdit les contrastes, vire au carbone, faisant du noir l’indice de l’image, du territoire « [d‘]une nuit sans ornement » où passé, présent et avenir se fondent dans l’indécision du rêve, où l’esprit balbutie à la frontière du songe et de l’hallucination, calme et intranquille, violent et atone, inquiet et apaisé.

Accrochés au mur, les grands tirages (100 x 130 cm), tout en subtilités de nuances, pénètrent l’esprit, installent le regard dans l’expérience du silence et de la solitude, imageant l’espace en perte de dimension et en suspens du temps, l’obscurité peuplée des alchimies instables de la réalité.