Pour sa neuvième édition a ppr oc he, salon dédié à l’expérimentation de l’image, a réuni au Molière, 40 rue de Richelieu à Paris, 14 expositions personnelles, dont 8 séries totalement inédites dans un commissariat général d’Emilia Genuardi. Chaque artiste est représenté par une galerie, dix françaises et quatre européennes étaient présentes.
Cette édition accueille des approches esthétiques d’une grande diversité. Encourageant une nouvelle forme de collection la PODA (la petite œuvre d’art) souhaite démocratiser l’idée de collection. À l’initiative de Gilles Coulon et Michel Bousquet, dans un format inédit de 9 x 12 cm les tirages sont reçus dans une boîte qui fait cadre et comporte son système d’accrochage. Chacune est vendue 49 euros. La collection réunit actuellement 21 artistes.
Deux artistes féminines explorent différemment matière et transparence. La turque Mimiko Türkkan, présentée par la galerie suisse Analix Forever développe le concept d’innergy pour représenter des corps féminin en action. Les cyanotypes rouges tirés sur papier coton montrent une fluidité qui trouve sa version picturale dans les œuvres du peintre chinois Xie Lei, prix Marcel Duchamp 2025. Dans sa série Fragile Warning Lights la suissesse Anna Katharina Scheidegger (Résidence PICTO LAB) exploite les vertus du phytoplancton luminescent, micro-organismes menacés. Les deux plasticiennes jouent des tensions entre apparition et disparition que l’artiste turque exprime dans son titre Corps Ondulants/Vagues incarnées.

Deux plasticiens exploitent des matières spécifiques correspondant à des protocoles techniques particuliers. L’américain Reeve Schumacher (galerie LHOSTE, Arles) crée ses Hautes fréquences par des images tressées en lien à la musique populaire et aux vedettes de la chanson dont il réinterprète les affiches ou les pochettes vinyle. Léonard Bourgois Beaulieu (Galerie du Jour Agnès B) invente ses Espa.èce menacé.es avec des manipulations complexes qu’il intitule lichenotypie. Des micro-organismes altèrent des supports argentiques faisant émerger des formes picturales instables. Les deux œuvres se fondent sur les tensions internes entre figure et cadre.

Deux autres plasticiens travaillent à transformer les résultantes de l’IA en lien aux pratiques photographiques et picturales. Ils expriment les tensions esthétiques nouvelles entre mémoire et fiction. Vincent Lemaire (Galerie Dix9), formé à l’ENSBA dans les ateliers de Christian Boltanski et Annette Messager souvent attaché au tirage argentique le combine ici avec des variations de l’IA. Il réalise ainsi les 24 portraits post mortem d’Alan Turing mathématicien et cryptologue. L’artiste hollandais Sander Coers (Open Doors Gallery, Londres) construit sa série Post à partir d’images anciennes de la masculinité illustrée dans les années 1940. Les fragments corporels tirés de ses archives familiales et mis en série dans des petits formats aux teintes vives prennent une dimension hésitant entre le pictural et le cinématographique. Chaque image imprimée en UV sur contreplaqué trouve une présence matérielle très prégnante.


Deux stands sont consacrés à des installations où photo et sculpture sont mises en dialogue. Les deux ensembles d’œuvres manifestent avec élégance la tension entre surface et profondeur.
La Vietnamienne Thu van Tran et le français Thomas Mailaender présentés par l’atelier Tchikebe (Marseille) exposent deux séries Les lentilles mettent en cadre des images de publications anciennes dans des structures de phares automobiles. Novum Glossarium montre des poteries anciennes illustrées de photographies. La fragilité. La hollandaise Daphne van de Velde (Black Swan Gallery, Brugge) est sans conteste la révélation absolue de cette édition. L’intelligence du galeriste est de proposer ces œuvres exceptionnelles à des prix très raisonnables


Sa série Unraveled Spaces: The Architecture of Touch dans une dimension autobiographique réfléchit au statut du corps féminin dans une société machiste. La fragmentation de ses sculptures photographiques dénonce le hiatus entre les pressions extérieures et la tension intérieure ressentie intimement. La fragilité de ces œuvres et de leurs espaces défaits le dispute à leur violence haptique imaginaire.