Une certaine nature, d’après Giverny, photographies de Jean Gaumy

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Une certaine nature, d'après Giverny
Photographies
Jean Gaumy
textes
Introduction de Jean Gaumy
Jean-Christophe Bailly
Editions Atelier EXB
45 euros TTC

Si le jardin de Claude Monet à Giverny continue d’attirer l’attention de nombreux visiteurs et d’inspirer le regard d’artistes, Jean Gaumy a privilégié le noir et le blanc pour proposer de nouvelles lectures sur la végétation des étangs du peintre des nymphéas. Durant 7 années, ce photographe épris de nature, a pris le temps d’apprécier ce lieu en écoutant ce qu’il avait à lui offrir comme merveilles. Afin de se laisser surprendre face à la diversité de plantes de ce jardin, le photographe a façonné un processus photographique en travaillant avec son téléphone portable en complément de ses boîtiers classiques. Grâce à ce dispositif qu’il maitrise tout en cherchant à se tenir au choix d’une image, il laisse advenir des reflets, une végétation entre fixité et mouvement. Son approche de la photographie l’amène à cultiver la surprise, l’étonnement afin de rester ouvert à l’inconnu.

Ses photographies laissent voir des végétaux, des gouttes d’eau sur les feuilles, des textures, qui nous incitent à regarder le foisonnement de la vie dans les profondeurs de l’étang. Leurs cadrages rendent visibles les dessins des végétaux, des détails qui les rendent mystérieux et dont il est parfois difficile de saisir l’échelle. Sur quelques images, son ombre apparaît, témoin de sa position en équilibre entre proximité et distance face à l’écosystème de cette étendue d’eau. Sa série d’images révèle ce microcosme, où contempler une biodiversité insoupçonnée. Celles-ci présentent une matière proche de celle de la gravure. Certaines tendent vers l’abstraction et invitent à laisser libre cours à notre imagination.

L’ouvrage dédié à cette série photographique est accompagné d’un très beau texte de Jean-Christophe Bailly. L’écrivain philosophe rappelle combien les jardins de Monet constituent un haut lieu du tourisme et sont entretenus pour maintenir un « festival d’apparences ». Pour lui, les images de Jean Gaumy témoignent de l’action de la photosynthèse. Celles-ci conduisent à un voyage à travers le mouvement et la lumière de l’eau sur l’étang. « Ce qu’il voit et ce qu’il montre, ce n’est pas tant un spectacle qu’une succession de métamorphoses en cours » écrit-il.

La série photographique ainsi mise en page dans ce très beau livre, montre des instants poétiques, quelque peu magiques. Chaque végétal se découvre comme un monde en soi face auquel rêver, s’interroger et cultiver sa curiosité. Au fil des pages, nous prenons le temps d’aiguiser notre regard face aux formes des plantes, au déploiement de leurs feuilles, aux tiges délicates, aux branches d’arbres qui se reflètent, aux remous de l’eau…

Pauline Lisowski