Le prix Marcel Duchamp organisé par l’ADIAF qui fête sa 25e année reste un lieu de découverte d’artistes de qualité. Pour cette édition deux peintres et deux sculpteurs à parité de genre sont accueillis au Musée d’Art moderne de Paris en raison de la fermeture du Centre Pompidou. Une salle d’ouverture introduit une pièce symbolique de chacun, avant qu’un espace propre soit réservé à chaque présentation monographique.
Les peintures du chinois Xie Lei né en 1983 restent traditionnelles dans leur forme même si sa pratique joue sur la fluidité. Dans Fall des figures masculines et féminines semblent flotter dans l’espace de la toile sans autre définition qu’une identité générique. Elles se rejoignent parfois dans une simulation d’étreinte mais gardent cependant leur individualité. Reprenant la thématique de la chute illustrée dans l’art depuis la chute de l’ange jusqu’au saut dans le vide d’Yves Klein il redonne un dynamisme à ces corps dans un entre-deux.


Les œuvres mixtes de grand format d’Eva Nielsen née elle aussi en 1983 aux Lilas sont beaucoup plus ambitieuses et novatrices. Elle mêle peinture, photo et sérigraphie en prolongeant ses recherches géologiques sur les zones désertiques du territoire. Elle s’appuie précisément sur l’étude des marais du delta du Rhône et du parc espagnol d’Albufera. Elle illustre les interactions biogéochimiques qui font fusionner l’eau, les sels et les micro-organismes. Cela aboutit au mixage d’une immense sérigraphie sur tissu transparent au centre de laquelle elle installe une toile peinte, c’est ainsi qu’elle peut rendre visible la structure géologique d’un fossé d’effondrement. Dans la multiplication des strates d’illustration, elle nous conduit à une perception mouvante qui nous oblige à un déplacement latéral devant l’œuvre pour en saisir la complexité.

Bianca Bondi née en 1986, à Johannesburg, et d’origine italienne, se consacre à l’installation d’espaces multisensoriels, dans une sorte d’archéologie du futur où elle réactive des objets du quotidien travaillés chimiquement qui rassemblés constituent les espaces domestiques de cette Silent House. Elle témoigne ainsi des mutations de notre environnement, y intégrant des fragments altérés. Pour obtenir ces effets de vieillissement et d’altération, elle utilise l’action d’oxydation des sels, du feu et des cristaux. Le spectateur est invité à arpenter cette installation immersive aux dimensions baroques.

Lionel Sabaté né en 1975 à Toulouse possède la production la plus variée. Ses peintures monumentales sur tissu montrent une dilution du paysage. De petits formats ses Inséparables sont des oiseaux sculptés en bronze. Pratiquant aussi l’oxydation de matériaux et utilisant la pouzzolane, cette poudre de roche métallique, il crée de grandes sculptures composant un bestiaire hybride aux dimensions fantastiques. Les plus singuliers sont ses visages aux traits reconstitués grâce aux poussières récoltées dans le musée. Dans chaque série des formes de vie trouvent une expression des plus singulières.


Informations pratiques sur le site du Musée