Joli objet éditorial, Métamorphoses n’est autre que la chronique d’un regard, qui cherche à savoir, perce fouille, dissèque, analyse, les espèces et leurs structures, leurs ressemblances, leurs évolutions. Rassemblant différents éléments pédagogiques de l’histoire naturelle des collections des musées et université de Strasbourg, la collection le Cabinet de l’amateur entend d’abord séduire le lecteur par une approche esthétique.

Un ananas bien mûr, des chenilles, des nymphes, des papillons, mais aussi un combat entre un serpent et un crocodile, encadré de part et d’autre par leur descendance à peine sorti de l’œuf, autant d’images rêveuses qui réjouiront d’abord l’œil en quête d’inspiration qu’il soit tatoueur, illustrateur, designer textile ou toute personne exigeant renouvellement intérieur. Le regardeur contemporain cherchera sans doute la dimension symbolique de ces reproductions de gravures anciennes, là où il est avant tout question de connaissance en histoire naturelle. Ce mouvement de l’éblouissement esthétique vers un approfondissement scientifique est le parti pris de la collection d’éditions strasbourgeoises Le Cabinet de l’amateur, sans doute pour d’abord plaire avant d’instruire.

Au centre de ces belles images au format A 3, se niche un petit livret avec un texte éclairant où l’on découvre le parcours de Maria Sibylla Merian, naturaliste allemande née au milieu du XVII° siècle dans une famille d’artistes, et qui au cours de sa formation et de sa vie professionnelle s’illustre tant en entomologie qu’en dessin d’observation. En 1699, Merian embarque avec sa fille pour le Surinam, les deux femmes dessinent et c’est à partir de leurs carnets qu’on été réalisées par la suite les gravures présentées dans le présent ouvrage.

D’autres images en couleurs s’ajoutent à celles-ci, ce sont des photographies de modèles Brendel, des objets pédagogiques destinés à faire comprendre par le volume l’anatomie des plantes, parmi lesquelles, la fraise, des bois, le peuplier noir, l’aulne glutineux ou encore la betterave commune. Ce basculement de la gravure à l’objet marque aussi le passage d’un siècle à l’autre, puisque les modèles Brendel datent du XIX° siècle et correspondent à un désir de pénétrer encore plus avant le vivant, sa structure interne, dans la tradition des recherches anatomiques menées sur le corps humain aux siècles antérieurs.

A ce titre, Métamorphoses présente également des modèles non pas de plantes mais de vivants, il s’agit d’une tête de vipère, d’un hanneton et d’un ver à soie. Ce sont les modèles du Dr Auzoux, médecin français du XIX° siècle, ayant réalisé ces corps en trois dimensions démontables pour pallier aux difficultés impliquées par le travail sur cadavres. La fabrique du Docteur Auzoux a fermé ses portes en 2002 et ses objets didactiques largement commercialisés sont désormais considérés comme des objets d’art.