Le Château du Rivau met en scène patrimoine et art contemporain

Surprises au Rivau
Château du Rivau, 37120 Lémeré
Plus d’informations sur le site du château

Le Château du Rivau demeure un lieu d’exceptionnelle symbiose entre une nature domestiquée, l’art contemporain et divers artisanats en lien à un patrimoine revisité. Sous la direction de sa propriétaire Patricia Laigneau, chaque saison voit son renouveau de plantations comme d’œuvres installées dans le parc ou exposées dans le Château.

Le parc accueille cette année deux œuvres monumentales nouvelles. Julien des Monstiers, déjà présent dans la collection, installe sa Cabane en rocaille dans le verger de Paradis. La lourde porte en métal façon container est percée de judas qui permettent d’apercevoir les trois murs peints à l’intérieur.

La révélation pour moi est l’œuvre de Lionel Estève, La rose est sans pourquoi, deux gisants en mosaïque colorée évoquent la nature à travers la rose comme symbole de la vie dans sa fugacité que l’amour seul prolonge.

Lionel Estève, La rose est sans pourquoi

La photographie est toujours bien représentée dans cette collection si sensible. Pour l’été dans les écuries sont installés des tirages couleur d’Arielle de la Tour d’Auvergne qui a exploré l’inconscient historique du Château d’Aynay le Vieil, autre lieu exceptionnel du Cher (cf. article sur Juan Garaizabal)

Arielle de la Tour d’Auvergne, Sans titre

Les salles des deux niveaux du Château qui recueillent l’exposition sont enrichies comme chaque année de nouvelles pièces venant dialoguer autour des thèmes patrimoniaux qui structurent la visite. La chasse, la cuisine, la chevalerie sont ainsi mises en valeur par des regards hypercontemporains qui les tiennent à distance esthétique et parfois ironique.

La révélation dans ce domaine est un tirage photographique de Julien Serve qui reprend un plan de la Jeanne d’Arc de Dreyer en éclats plastiques rectifiés par une main qui semble la redessiner. Une autre œuvre mixte photo-dessin reprend la Vénus de Botticelli tatouée par le plasticien belge Jean-Luc Moerman.

Julien Serve, Eluminée

La sculpture y est toujours représentée aussi bien par des artistes confirmés, comme Erik Dietman (L’âme à poil) ou Jan Fabre (Salvatore Mundi), que par les tenants d’une génération plus jeune, comme Julien Salaud et son étrange Jeanne de Colchide emplumée et baroque ou les étranges pseudo-gargouilles de Patrick van Caeckenberg. Plus dépouillée, on appréciera aussi la Châsse chasse sucrée que Karine Bonneval compose à partir de bois de chevreuil moulés avec une substance alimentaire. Plus abstraite encore, la suspension de verre filé au chalumeau par Kim Kototamalune, La promesse séduit par sa fragile élégance aérienne. Au milieu de tous ces personnages historiques, l’Hawaïan Ghost de Gilles Barbier nous surprend par son humour décalé.

Julien Salaud, Jeanne de Colchide
Kim Kototamalune, La promesse
Gilles Barbier, Hawaïan Ghost

Ce programme complexe réuni sous le titre « Surprises au Rivau » tient toutes ses promesses exerçant notre curiosité ou réveillant notre culture patrimoniale en l’actualisant. Ce sentiment est renforcé du fait que la plupart de ces hommages ou de ces citations conservent une dimension d’irrévérence de bon aloi.