Le dessin contemporain avait à ce jour pour moi dans un néo-classicisme retrouvé le trait précis et contrasté d’un Ernest Pignon-Ernest ou le fouillis des détails des traits des visages de Michel Houssin au cœur mêlé de ses foules. Face aux grands formats de Lionel Grassot, j’ai été saisi par l’âpreté de son univers aux corps cernés de grandes traînées de fusain. Une présence photographique en transparence floute ces surgissements corporels me, révélant la saisie de ses protocoles d’atelier. Ils gardent la force d’un désir à figer au vif de la relation peintre modèle.


Pour situer le lieu de ce face-à-face prétextes à l’œuvre l’artiste ose le terme de « labyrinthe des extases », tandis que ses titres affirment les liens « au-delà du silence » avec pour pratique commune « Wanna Dance ». En dehors des plans serrés sur un visage femme questionnée dans toutes ses apparitions égrenées dans la légende « Und Dann », les décors ont l’opulence spatiale de scènes intimes dansées. L’espace est transpercé de diagonales ébauchées en traits vifs tout encore imprégnés des gestes les ayant fondés.

Si un personnage féminin occupe le plus souvent seul le centre du cadre, un dessin montre un couple dans l’énergie d’un baiser dansé. Lorsque trois danseuses cohabitent sur le plateau l’œuvre se fait « Figure » ainsi, évoquant une relation vraiment chorégraphiée. La brutalité du fusain, atténuée par les venues de gommes et de pinceaux au service du croquis photographique cliché dans l’urgence s’ouvre sur des rendus intermédiaires dans un dessin pictural en un noir et blanc duveteux. La sensualité expressionniste de ces matières exprime la force de la fascination érotique du corps dans ses formes les plus extrêmes jusqu’à la violence.


