Camera Ballet

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Mathilde Denize, Camera Ballet
Commissariat Céline Poulin
Frac Île-de-France/Le Plateau
22 rue des Alouettes, Paris
25 septembre 2025 - 11 janvier 2026

Vue de l’exposition de Mathilde Denize au Plateau, Photo Tanguy Beurdeley © Mathilde Denize/ADAGP, Paris, 2025 – Courtesy de l’artiste et de la galerie Perrotin

Entrant dans le ballet, le visiteur se costume, donne corps aux vêtements de toile peinte suspendus à un vestiaire portant. La déambulation sur la scène des œuvres est performance, comme le travelling d’une « caméra-ballet » tournant autour des grandes « figures » immobiles au rythme polyphonique des couleurs organiques, invitée par le titre – Sound of Figures – à la liberté polysémique, en captant la magie sensible. Mathilde Denize réinvestit ses anciennes toiles, peintes aux couleurs récupérées des décors de cinéma, les découpe, les coud, les monte, y assemble des fragments de matériaux et d’objets trouvés. Peintures-sculptures – créations de mode, peut-être – dans leur finition soignée, pleines d’une rumeur qui en émane et d’histoires à s’approprier ou à inventer, sont objets picturaux autant que vêtements. 

Vue de l’exposition de Mathilde Denize au Plateau, Photo Tanguy Beurdeley © Mathilde Denize/ADAGP, Paris, 2025 – Courtesy de l’artiste et de la galerie Perrotin

La toile réutilisée fait et défait ainsi le geste de peindre en un fini transitoire, une œuvre toujours refaite en chorégraphie silencieuse de la matière, de la mise en scène d’une reprise de la vie habillant le vide de figures fugitives, sans corps, que le regard anime. 

Sphères, œufs, cônes, sabliers et de grands récipients de céramique émaillée, évoquant plus ou moins une symbolique des corps en rapport au monde, accompagnent les peintures-sculptures, face à face, flottantes, en suspension, et rejouent en écho les motifs des toiles accrochées sur une longue frise qui les relie et encadre l’espace scénique, connectant ainsi le mural et les installations.

Vue de l’exposition de Mathilde Denize au Plateau, Photo Tanguy Beurdeley © Mathilde Denize/ADAGP, Paris, 2025 – Courtesy de l’artiste et de la galerie Perrotin

Entre présence et absence d’une identité non genrée, les figures hybrides, prêtes à être mises en mouvement, semblent participer à un plan-séquence cinématographique ou au tableau d’une scène de théâtre ou de danse, immersifs, ouverts aux affects de la perception comme à la pratique du visiteur, au désir de toucher.

De l’installation à la sensation vidéo au montage fondu, tournée à la villa Médicis, le visiteur perçoit, comme en familiarité, l’écho des démarches de Wassily Kandinsky, Kurt Schwitters, Dziga Vertov, Sergueï Parajanov… autant que la fluidité du jeu infini de la transformation.

Mathilde Denize, Sound of Figure, 2025 Acrylique et aquarelle sur toile, béton, métal. Dimensions variables Photo : Erwan Fichou © Mathilde Denize/ADAGP, Paris, 2025 – Courtesy de l’artiste et de la galerie Perrotin
Mathilde Denize, Sound of Figure, 2025 Acrylique et aquarelle sur toile, céramique émaillée, feutre, cuir. 125 x 135 cm Photo : Erwan Fichou © Mathilde Denize/ADAGP, Paris, 2025 – Courtesy de l’artiste et de la galerie Perrotin