En batterie les organes sans corps d’Anaïs Gauthier

Théorème du spasme

Une exposition d’Anaïs Gauthier

Du 18 septembre au 19 octobre 2025

Le Pays où le ciel est toujours bleu (POCTB)

5 rue des Grands Champs à Orléans

Informations sur le site du PCTB

Le site d’Anaïs Gauthier

Anaïs Gauthier clôt sa résidence IN/SITU de juillet à septembre dernier avec le soutien de la Fondation de France à l’invitation du Pays où le ciel est toujours bleu d’Orléans par son exposition « Théorème du spasme ». L’installation du rez-de-chaussée a été produite dans les ateliers du 108 rue de Bourgogne, lieu d’expérimentation artistique. L’artiste diplômée de l’École européenne supérieure de Bretagne vit et travaille à Montreuil. Elle présente ici un renouveau très contemporain d’un body art inquiétant.

Pour fêter le 800e anniversaire de la Faculté de médecine de Montpellier, le musée Fabre et le musée Atger ont organisé en 2020 la double exposition « Art&Anatomie, Dessins croisés ». En dehors de ces relations art/science dans le body art, il a fallu attendre Annette Messager pour assister à une approche du corps en fragments. Dans son œuvre Mes vœux ces fragments sont unifiés en une forme circulaire.

Dans la vitrine de l’espace du POCTB Anaïs Gauthier expose une sculpture représentant un fragment corporel qu’elle titre Affection fait de céramique, tissu et métal évoquant vaguement une vulve, dont s’échappent deux électrodes.

La grande salle du lieu d’exposition est entièrement occupée par installation immersive Théorème du spasme où l’artiste mêle l’organique et l’industriel. Des tubulures métalliques soutiennent des formes mixtes faites de céramique et de silicone rappelant par leur matière des organes qui reliés entre eux constituent une sorte de corps-machine. Son spasme est la résultante de cette mécanisation de l’ensemble due à Matthieu Grivelet qui dynamise certains de ces éléments en les motorisant. Les mouvements minimaux qui en résultent prouvent un état d’activité vitale, jets de vapeur plus liés à la machine elle en déclare : « J’imagine une fabrique intime et imparfaite où les engrenages, semblant prêts à s’agiter comme des organes vitaux, trahissent leur surchauffe émotionnelle. »

La rigidité de l’ossature métallique qui cerne l’ensemble de la pièce est doublée de fils de fer blanc , tandis que des formes charnelles prolifèrent en leur cœur. Chaque pseudo-organe est mis en cohérence technique avec les autres pour fonctionner en batterie afin qu’un flux vital circule entre eux. Cette organisation dynamique laisse le visiteur à l’extérieur pour en observer la circulation. 

Au sous-sol, dans l’espace projet, une autre pièce de ce début d’année En cas dinterférenceretrouve les mêmes matériaux, céramique, silicone, métal auxquels s’ajoute la filasse qui se déroule dans l’espace. La rigueur du travail plastique, l’efficacité de son protocole sont confirmées par les dessins préparatoires en noir et blanc. À bien envisager les conséquences de ce Théorème du spasme un sentiment de malaise nous traverse, nous renvoyant à la fragilité de notre humaine condition.