Downtown Matador
Restitution de la résidence ARDELIM 2024/2025 d'Alban Lécuyer
Organisée par VALIMAGE / Maison ligérienne de l’image
Église Saint-Étienne
Place du Martroi, Beaugency
Informations pratiques sur le site de la ville de Beaugency
La force de l’approche de réhabilitation de l’Abattoir de Beaugency par Alban Lécuyer lors de sa résidence ADELIM repose sur la multiplication des protocoles artistiques et la diversité des techniques qu’il a mises en œuvre.
Dans l’argot des bouchers, le « matador » est le pistolet d’abattage des animaux, par son titre Downtown Matador, le photographe insiste sur l’implantation urbaine de l’ancien bâtiment en cours de remise en état.
Une courte vidéo La vache, la bête, la viande expose clairement l’ambition du projet développé durant cette résidence. Elle confronte les souvenirs d’un ancien ouvrier de l’abattoir en les rapprochant des gestes des ouvriers du chantier.
La matérialité de l’animal est présente sous la forme d’un troupeau de bovins exposé en négatif pour une fresque photographique occupant tout le fond du chœur de l’église.

Les humains et protagonistes de cette aventure sont nombreux, ce sont les sujets des portraits récents des habitant.es mais aussi d’autres figures en portraits synthétiques réalisés par superposition sur un mode technique initié par Krystof Pruskowski.
Des clichés anciens datant des années 1920 et suivantes montrent les bouchers posant sur le site. Ces Figures aux morceaux de viande voient ces tirages noir et blanc retravaillés par des insertions couleur de fragment carné.


Le tirage Les Carnes #1 dispose en arrière-plan un boucher avec deux chevaux dont la silhouette est recouverte de noir animal, cette substance obtenue à partir de la calcination d’os animaux.

Pour révéler le caractère brutal de l’abattage, Alban Lécuyer met en scène la cotte de maille utilisée par les ouvriers en boucherie sous forme de sculpture en dialogue avec une vidéo Tronc #2, d’un sang autre, mais aussi portée par un de ces bouchers faisant face au site.

Un tirage noir et blanc très contrasté cadre la main de l’un d’entre eux privée de son majeur sectionné dans un accident de travail ancien.

Pour accentuer le potentiel dramatique du lieu dans une référence forte, un extrait de vitrail de la Cathédrale de Chartres montrant l’apport de la corporation des bouchers à son édification, est exposé dans une chapelle latérale comme une allégorie de l’Holocauste.
L’ensemble de ces propositions plastiques d’une haute tenue suggère un parcours du spectateur dans cette scénographie maîtrisée au service d’un projet d’une grande cohérence.