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« Espace vital », 23 femmes photographes iraniennes en lutte

Un livre des éditions Textuel

Couverture Espace vital
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Trois générations de femmes photographes sont réunies par les éditions Textuel , iraniennes leur engagement social et idéologique fait leur unité . Sur les vingt trois artistes présentes dans la publication quatorze entre elles vivent dans leur pays , toutes dans sa capitale. Parmi les autres en diaspora quatre ont émigré en Grande Betagne , une seule en France. Le livre est préfacé par Anahita Ghabaian Etehadieh créatice de la galerie Silk Road, elle aussi à Téhéran. Toutes témoignent des luttes féministes, mettent en perspective famille et mémoire, si le passé est reconvoqué dans les images c’est moins par nostalgie que par goût de l’archive plastiquement réactivée.

Voir en ligne : https://www.editionstextuel.com/liv...

Une manifestation féministe historique

Deux séries témoignent de l’immense manifestation du 8 mars 1979 contre l’obligation du port du voile. Hengameh Golestan mène le travail le plus directement documentaire pour témoigner de l’étendue impressionnante de la foule et de la ferveur individuelle des manifestantes. Rana Javadi dresse le décor de ces luttes avec les affiches et traces murales qui en donnent le sous-texte. La continuité de ces revendications et la répression actuelle est illustrée par Yalda Moaiery qui révèle les arrestations de femmes par la police des moeurs pour non - port du hijab.

Les albums revisités

Nazzali Abbaspour donne un cadre anonyme à des personnages extraits d’un album en les insérant par superposition sur des murs de maisons abandonnées. Sahar Mokhtari possède selon deux protocoles dans sa série Les autres les personnages découpés sont remis en situation dans le quotidien avec un décalage de taille. Dans Nature morte des silhouettes issues de portraits de groupes sont caviardées, mises au blanc. Malekeh Nayiny qui vit à Paris est présente avec deux séries , dans Actualisation d’un album de famille elle sature son cadre de motifs colorés et réintègre les membres du cercle familial dans des décors stylisés très expressionnistes. Ce sont des affiches d’avant la révolution qu’elle réimplante sur des murs désaffectés en tant que Vestiges du passé.

Des états de disparition

Hoda Amin dans sa série No Man’s Land organise des plans généraux sur des espaces urbains saisis en plongée, pris de nuit dans des valeurs sombres ils sont traversés par des silhouettes humaines qui semblent se fondre dans le bitume. Atoosa Alebouyeh scénarise dans un décor dénudé de studio des autoportraits en situation dans une atmosphère blanche , son visage caché sa seule signature demeure sa longue chevelure brune . Sous le titre Répétition Gazaleh Hedayat intervient sur ses portraits par grattage de la surface assimilée à la peau , la disparition est consommée , symbole d’autres plus politiques.

Donner à voir les créatrices de cette société

Gelareh Kiazand suit le tournage de Shirin d Abbas Kiarostami, elle y portraiture en plans serrés et sur fond noir une centaine d’actrices , toutes montrent dans leur attitude comme dans leur regard la même intensité dramatique. Mahboube Karamli enseigne la photographie dans un lycée, elle y organise des scènes quotidiennes en situation de ses élèves , sa série Playtime les montre seules et en petits groupes. Newsha Tavakolian est membre de l’agence Magnum depuis 2019 sa série Ecoutez regroupe des chanteuses interdites de concert et d’enregistrement . Elle crée aussi des pochettes de CD imaginaires dont celui de la jeune femme aux gants de boxe sur une avenue de la Capitale qui figure en couverture.

Des avancées écologiques

Solmaz Daryani revient sur les lieux de ses ancêtres pour Les yeux de la terre, le lac d’Ourmia autrefois plus grand lac salé du Moyen Orient subit un assèchement de plus de 80%. Ses paysages en couleur peu contrastées en témoignent. Pargol E. Naroo produit des tirages au papier salé sur les lacs d’Ourmia et Mahari révélant dans Un carnet de voyage sur le plateau iranien la catastrophe qui les atteint.

Hommages aux combattants et martyrs

Maryani Takhtkeshian utilise des films noir et blanc périmés Agfa Isolette pour rendre hommage à son oncle disparu pendant la guerre avec l’Irak de 1980 - 1988. Il en résulte des images fantomatiques des combattants qu’elle prend pour modèles , d’où le titre Aucun soldat n’est revenu de guerre. Ghazaleh Rezaei consacre elle aussi sa série Les Martyrs à son oncle défunt dans le même conflit. Elle joue aussi des paramètres photographiques, en reproduisant des documents avec un flash masquant les visages. Pour Nature morte avec photo elle colorise des clichés pour donner une autre vie à des reliques de massacres.

Des pratiques plasticiennes plus complexes

Maryam Firnzi mène d’imposantes performances dans les rues de Téhéran où elle parade. Par ailleurs pour Souvenirs épars d un avenir déformé elle met en scène des femmes peintres dans des lieux en ruine. Gohar Dasti publie deux séries dont La vie moderne qui montre la guerre remise en scène dans le désert et sur le front en relation au quotidien domestique d’un couple. La plus médiatisée Shadi Ghadirian montre des portraits en plans serrés de femmes voilées au visage remplacé par des objets aussi domestiques . Dans Nil Nil d’autres plans proches issus du quotidien perturbés par des objets de guerre ou de violence, étui à cigarette avec des balles de fusil ou talons aiguilles et brodequins de l’armée.

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++INFO++
« Espace vital », femmes photographes iraniennes Editions Textuel ISBN 978-2-84597-951-2 45 euros

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