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Nous #1 et #2, un atelier et deux livres de Catherine Merdy

Couverture NOUS #1
Couverture NOUS #1
Pour les photographes, l’animation d’ateliers est souvent une part du quotidien d’artiste, en immersion dans un groupe, une communauté, un lieu, une institution. Catherine Merdy a animé ainsi à l’université de Franche-Comté de Besançon un atelier de photographie, analyse et pratique, Faire œuvre photographique. Deux livres nous #1 et #2 en rendent compte autour de deux thèmes communs : « la Faculté » et « être étudiant aujourd’hui ».

Voir en ligne : https://catmerdy2.berta.me

Faisant dialoguer texte et image, les deux livres questionnent la complexité du monde étudiant et de ses représentations, celles du temps de soi et des autres, du temps solitaire et du temps partagé, des liens qui se font ou se défont, du lieu du quotidien saturé d’images et d’invisibilités. Le double questionnement imposé initie des propositions, des parcours, des récits différents, participe à la construction d’une narration d’ensemble où se déploie en détours et expérimentations multiples tout un jeu de rapports au regard, à l’image et à sa production, l’image comment et pourquoi ?

En répondant librement au cahier des charges de Catherine Merdy, par le portrait, le reportage, intime, posé, joué, mis en scène ou métaphorique, Suzie, Salomé, Laura bousculent la représentation iconique des banques d’images et des publicités, les illusions et les désillusions, la fête et l’étude, où se situe le vrai, le faux ? L’un et l’autre mêlés. Dans le regard porté à la spécialisation, sur ce que signifie « être étudiant·e », les photographies de Salomé et Justine questionnent les codes, les décalent, les mettent en déséquilibre. Les photographies d’Ophéline disent la précarité et la solidarité de la vie étudiante, l’ouverture au contact humain dans un monde sombre. En écho à The Hand de Melik Ohanian et à la focalisation d’autres photographes sur la représentation des mains, Clémentine en fait le portrait. Outils sensibles de découverte et de maîtrise, les mains d’étudiantes et d’étudiants ont-elles une spécificité qui en dit l’histoire et le quotidien, le contact, le toucher des objets et des autres ?

L’université, c’est un décor, amphi, salle de travaux dirigés, de séminaire…, des espaces de circulation où l’on se croise ou se perd, des lieux et des temps d’arrêt, de passage et de rencontre, marqués souvent d’invisibilité ; Océane et Corentin y invitent au parcours visuel, à la découverte par les sens. « La faculté », « être étudiant aujourd’hui », c’est l’autre côté, le temps entre l’amphi et le travail personnel. Que font les étudiantes et les étudiants dans les interstices des temps et des lieux de l’étude, solitaires ou en collectif, partagés ou anonymes ? Lilou s’interroge en images de liens et de rencontres hors de l’amphithéâtre ; Léa écrit en photos et en mots le journal de relations sur une application de rencontre. « Être », en questionnement photographique du temps personnel et collectif ou en jeux de mots poétiques, c’est une simple scène, un moment capturé dans l’instant. une photo prise, postée sur Instagram, puis oubliée parmi des centaines d’autres…, la capture d’un moment émouvant, d’une expérience partagée, l’image dans l’image, en doubles écran et papier, d’une assiette pleine ou à moitié vide et le portrait, diptyque du repas et de la personne (Vineck) ; ou encore la forêt en décor de fiction d’un vacarme personnel, noir et blanc ou couleur, de ce qui semble naturel et de ce qui est artificiel (Caroline) ; le mystère d’une maison aux volets fermés, une enquête sans corps, sans identité d’une étudiante anonyme, « Une fois encore. / Une fois de trop. » Entre liberté et parcours obligé du cursus de STAPS, la pratique collective de la danse unit les personnalités et les passions différentes, un jeu d’expression autre avec créativité (Aline).

Les expérimentations et les narrations photographiques individuelles pourraient faire catalogue ou archive. Au-delà de la trace, les deux ouvrages se donnent à voir et à lire en une série cohérente, le récit de soi, de l’autre, de l’environnement, du temps variable du quotidien, en perceptions et constructions iconiques croisées qui font unité. C’est tout un questionnement de l’image photographique par sa pratique, de ses dimensions affectives et sociologiques, de ce qu’elle montre et ne montre pas, de sa monstration et de sa mise en récit aussi, que conduit Catherine Merdy. Au lecteur de s’y exercer et d’écrire d’autres imaginaires.

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++INFO++
Nous #1 et #2, Atelier photographique "Faire œuvre photographique", Université de Franche-Comté, Conception graphique Catherine Merdy, 2022 et 2023.

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