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L’Algérie vue d’en bas, smartphone et humanisme radical

L'Algérie vue d'en bas
L’Algérie vue d’en bas
Originaire de la région de Tizi-Ouzou, Ahmed Ait Issad après son bac a poursuivi des études à Alger en sciences de la documentation , il s‘est consacré ensuite à la rédaction d’un journal électronique, avant de pratiquer le marketing digital. Sa série l’Algérie vue d’en bas a été exposée aux journées photographiques d’Oran, mais aussi à Paris chez Be-Coworking lieu où cohabitent gérants de start-up, blogueurs et artistes.

En juin 2015 Yann Arthus-Bertrand réalise avec Yazid Tizi L’Algérie vue du ciel un documentaire adapté du livre éponyme, illustré par les photos du futur académicien volant . Leur côté abstrait et formaliste est heureusement contrebalancé par un texte de Benjamin Stora et Djamel Souidi. En réaction, Ahmed Ait Issad entame sa série documentaire L’Algérie vue d’en bas, il reconnaît « Si l’Algérie a des paysages magnifiques, c’est aussi un pays d’une grande richesse humaine ». En prenant le contre-pied , il assume plutôt des scènes du quotidien, des images résultant de rencontres de hasard d’hommes et de femmes, dont il conte l’histoire en instantané. Il aime en évoquer des circonstances habituelles : « On se salue, on se souhaite le Salam, les Azul, la paix dans nos langues. On se jette mutuellement des bonnes énergies »

Ayant décidé de travailler uniquement avec son smartphone, il le justifie « Ses photos sont de bonne qualité. Surtout, il est toujours dans ma poche. Facile à utiliser, il est aussi moins intimidant pour les gens qu’un appareil photo. Il est mieux adapté pour saisir des moments authentiques. » On peut ajouter que sa discrétion détourne certains interdits sur l‘image propres à cette société et à son gouvernement.

Dès sa première exposition il a rencontré Reza Deghati invité d’honneur des journées photographiques d’Oran, collaborateur du National Geographic, auteur d‘un livre, publié avec un texte de Yasmina Khadra. « Pour lui, la photo, c’est un des meilleurs moyens de combattre la guerre, la pauvreté, les discriminations, les préjugés » ce qui résume aussi sa propre position de documentariste.

Il était ainsi le témoin passionné des espoirs du Hirak « Ce vendredi 22 février 2019 et pendant presque deux ans après, des millions d’Algériens sont sortis dire non à la dictature, reprendre leur destin en main. Ce jour-là, le mouvement du Hirak "Révolution du sourire" est né ! Un mouvement pacifiste par lequel le peuple revendiquait le départ d’Abdelaziz Bouteflika, mais qui a permis d’exprimer d’autres résolutions dont la Liberté fut la plus criée. Un mouvement qui a pris fin dans sa forme initiale de manifestation hebdomadaire, mais qui continue sous d’autres formes de lutte culturelles, artistiques et citoyennes.. »

Devant l’évolution plus récente de la situation, la continuation nécessaire de cette guerre économique, culturelle, idéologique et pédagogique, lui qui communique énormément sur les réseaux sociaux où il a de nombreux abonnés, s’interroge : « Peut-on réellement espérer que des manifestations ou des publications sur Facebook soient suffisantes pour véritablement impacter positivement la vie des individus et la société ? Cette lutte repose principalement sur les actions modestes de chacun, sur la générosité de tous les citoyens et sur le sens de responsabilité collective. Ce sont ces histoires qu’il affectionne capturer en photo lors de ses explorations à travers toute l’Algérie. C’est par ces petits récits qu’il veut raconter et contribuer au grand récit national »

L‘ambition de son projet vise à visiter chacune des 58 wilayas d’Algérie, l’équivalent de nos préfectures. il dresse ainsi , photo après photo, et dans une pratique très maîtrisée de la couleur, le portrait d’une Algérie très différente des clichés et des caricatures.

Une autre de ses ambitions est de narrer en photo l’histoire de l’Algérie à travers sa diaspora, qui est très fortement attachée à leur patrie. Les Algériens établis ailleurs sont une composante indissociable de l’identité algérienne. Ils sont les ambassadeurs et ambassadrices du pays, représentant un élément de l’Algérie en mouvement dans le monde.

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