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Culture : quand l extrême droit est au pouvoir

Reprise de l’article du QUOTIDIEN DE L’ ART Edition du 7 juin 2024 A la une du N°2845

 Le QUOTIDIEN DE L' ART Edition du 7 juin 2024
Le QUOTIDIEN DE L’ ART Edition du 7 juin 2024
Culture : quand l extrême droit est au pouvoir
Ce 9 juin, les partis ultra-conservateurs pourraient remporter plus de 20 % des sièges au Parlement européen. Dans de nombreux pays du continent, l’extrême droite n’est plus seulement une menace, elle a atteint les sphères de pouvoir. Quelles sont les conséquences pour la culture ? Panorama.

Sur l’échiquier, les forces d’extrême droite et ultra-conservatrices sont réunies au sein de deux groupes principaux : Conservateurs et réformistes européens – incluant le parti Reconquête d’Éric Zemmour, les Fratelli d’Italia, Vox (Espagne) et Démocrates de Suède –, et Identité et Démocratie – Lega italienne, Vlaams Belang belge et Rassemblement national (RN) français. Si ces partis représentent aujourd’hui environ 16 % du total, cette proportion pourrait passer à près de 25 % (si on inclut les non-inscrits de l’AfD allemand et du Fidesz hongrois), les sondages annonçant une forte poussée des ultra-conservateurs.

À droite comme à gauche, la culture relève dans les programmes des élections européennes de la note de bas de page. Enjeu majeur dans un nombre croissant de métiers (droit d’auteur, intelligence artificielle…), la culture n’est quasiment pas évoquée dans les programmes d’extrême droite, mais infiltre ses discours, appelant à la « guerre civilisationnelle » ou à une stricte homogénéité des sociétés. Le paradoxe en effet n’est qu’apparent : comme nous l’avons rapporté à maintes reprises, dans les pays où les ultra-conservateurs sont au pouvoir (Russie, Argentine, certains États américains, Brésil de Bolsonaro…), les institutions, artistes et travailleurs de la culture font bien souvent partie des premières cibles, et subissent des attaques incessantes. Car elle est au cœur des luttes d’influence idéologiques dans un contexte mondial de recrudescence du fascisme, la culture devrait faire l’objet de toutes les attentions.

Italie, Hongrie : l’extrême droite impose censure et récit national

En Italie, c’est par un coup de boutoir à la culture que la Première ministre d’extrême droite Giorgia Meloni (Fratelli d’Italia) a décidé d’entamer ses premiers jours aux commandes du pays. À la contre-culture plus exactement, avec le décret anti-rave party qui menaçait de prison et de lourdes amendes quiconque s’aventurerait à organiser des rassemblements sauvages. Objectif affiché : « Mettre fin à l’hégémonie culturelle de la gauche. » L’ère Meloni est ainsi marquée par un profond chamboulement dans les grandes institutions culturelles du pays. Fini, les étrangers à la tête des principaux musées du bel paese. Arrivés au bout de leur mission, tous ou presque ont été remplacés par des directeurs italiens, à l’exception d’Eike Schmidt, ex-patron des Offices de Florence tout juste naturalisé italien et envoyé au Capodimonte de Naples, puis rappelé dans la capitale toscane comme candidat de l’extrême droite droite aux municipales de juin.

Les Fratelli d’Italia ont également poussé des personnalités jugées proches des idées de la Première ministre pour conduire le MAXXI de Rome ou la biennale de Venise. Le virage à droite n’a pas non plus épargné le service audiovisuel public et la Rai, éternel objet de convoitise politique en Italie. En interne, les journalistes dénoncent aujourd’hui « l’étouffant » contrôle de l’information exercé par la direction. À quoi s’ajoutent les accusations de censure à l’encontre d’un texte – très corrosif contre Giorgia Meloni – de l’écrivain Antonio Scurati, écarté des ondes pour la Fête de la Libération du 25 avril. Sans compter les intellectuels et artistes que la Présidente du Conseil n’hésite pas à traîner devant les tribunaux, où les procès en diffamation s’accumulent : Roberto Saviano, l’auteur de Gomorra, l’historien Luciano Canfora et peut-être même bientôt Brian Molko, chanteur du groupe Placebo…

En Hongrie, où le Fidesz de Viktor Orbán est au pouvoir depuis 14 ans, les dommages sont conséquents, comme nous l’évoquions déjà en 2018. Cependant, « il n’est pas facile de les saisir, explique l’historien Gergely Nagy. En apparence, tout va relativement bien. À Budapest, musées, librairies, galeries et théâtres sont pleins à craquer. Mais en regardant de plus près, on voit que rien ne fonctionne comme cela devrait dans une démocratie libérale. Le régime Orbán a remodelé l’ensemble du système juridique, institutionnel et financier de la culture.

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