. Poésie action : variations sur Bernard Heidsieck
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« Qui êtes-vous Bernard Heidsieck ? » Le poète, dans un lieu énigmatique, répond face caméra avec malice à l’interrogation, déroule son numéro de sécurité sociale, puis sort sa carte électorale. L’étrange portrait chinois aux allures administrative élude la question. L’identité d’un homme est-elle susceptible d’être définie ? A l’heure de la déconstruction de la subjectivité, de l’éclatement de la conscience, est-ce l’inscription dans la société d’un homme qui le définit ?
Bernard Heidsieck a toute sa vie travaillé dans une banque, si sa vie d’artiste est toujours restée secrète pour l’institution dans laquelle il travaillait, des interférences dans l’autre sens existent. Le documentaire présente notamment des vidéos réalisées avec sa compagne, l’artiste Françoise Janicot. Le travail poétique de Bernard Heisieck s’inscrit dans « la poésie sonore » à partir de 1955, et l’homme fonde « la poésie action » en 1962. C’est dans la filiation de Dada et du lettrisme qu’émerge son geste, renouant avec la tradition orale de la poésie, comme avec sa contrainte rythmique.
Le film présente notamment la pièce devenue emblématique de la poésie sonore : Vaduz, créée en 1974 par le poète à l’occasion d’une commande pour l’inauguration d’un centre d’art au Liechtenstein. Le documentaire en dressant le portait de Bernard Heidsieck, cherche aussi à le situer dans une histoire de la création. Laurent Cauwet, fondateur des éditions Al Dante, confie son engagement en faveur de la publication des textes des poètes sonores et tout naturellement du travail de Bernard Heidsieck. Parmi les amis appartenant à la même génération, les documentaristes s’entretiennent notamment avec John Giorno, Paul-Armand Gette, Jean-Jacques Lebel, pointant ainsi les liens entre poésie sonore et art contemporain. Bernard Heidsieck a également réalisé de nombreux collages.
Situer un artiste dans l’histoire, c’est aussi en montrer la postérité, notamment à travers des figures dont la pratique est en partie héritée de celle Bernard Heisieck. Anne-James Chaton, lui aussi publié chez Al Dante, confie ainsi l’importance d’Heidsieck dans son travail, où la musique occupe une place essentielle. On regrette peut-être que cette dernière partie sur la jeune génération des poètes sonores ne soit pas plus développée, ouvrant davantage de perspectives sur la période actuelle.