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Un questionnaire sur la critique photographique pour les Etats généraux de la photographie : les réponses des photographes

Pour répondre à l’initiative des Filles de la photo et du réseau Diagonal ainsi que de l ’ADAGP, les Agents Associés, le CLAP, France PhotoBook, la Saif et l’Union des Photographes Professionnels (UPP) qui ont lancé il y a plus d’un an déjà des Etats généraux de la photographie dont nous rappelons les résultats dans l’actuel éditorial nous avons lancé deux questionnaires auprès des photographes comme des critiques. Voici les réponses des photographes contactés.

1 En tant que créateur qu’attendez -vous concrètement de la critique photographique ?

J’espère que le critique reconnaîtra ce que je fais et que, par son écriture, il contextualisera l’œuvre et aidera le public à mieux la comprendre et l’apprécier. Plus précisément, j’espère que le critique pourra mettre ses mains sur le dos du spectateur et l’orienter dans la bonne direction de telle sorte que le spectateur ne sente pas ses mains sur son dos. (Chuck Samuel)

J’attends beaucoup. Tout d’abord, faire une lecture distanciée de mon travail.  Me donner une critique structurée et argumentée. Aller au delà de l’intuition et du goût personnel.

2 En tant qu’amateur d’art quelles sont vos attentes ?

La critique photographique exprime un ressenti sur ce qui lui est donné à voir, et permet au créateur de faire la part entre son intention dans l’acte, ses propres projections à la lecture de son œuvre et ce qui est effectivement visible (par tous). Plus, elle ouvre sur des lectures de l’oeuvre auxquelles on n’a soi-même pas accès (codes d’interprétation liés aux cultures).

Je pense que la critique photographique peut me fait entrer intellectuellement "dans" des travaux qui ne m’inspirent a priori pas sensoriellement.

Cela est souvent un bouleversement sémiologique,"efficace" à déceler des incohérences dialectiques dans le travail présenté …)

En tant que créatrice, j’attends de la critique photographique qu’elle prenne toute sa part théorique dans la pensée des images.

J’attends concrètement que la critique photographique puisse également prendre part aux débats politiques et sociétaux (à l’instar, peut-être, de ce qui se passe actuellement à travers le renouveau de la critique littéraire).(Anna Guillo)

Je pourrais suggérer que la dualité pratique/théorie soit définitivement abolie dans l’entendement commun, autrement dit, cesser de faire croire que les critiques sont des théoriciens et les photographes des praticiens, comme si la critique n’était pas elle-même une pratique (issue d’ailleurs parfois des plumes des photographes eux-mêmes) et que la photographie n’était pas potentiellement porteuse d’une pensée théorique (Anna Guillo)

La critique peut placer les recherches du photographe dans un contexte historique et montrer une interprétation personnelle des images, c’est ce que l’on appelle la fortune critique. Une œuvre réussie est une œuvre qui s’ouvre constamment à la critique et laisse le débat ouvert.

Essayez d’établir un dialogue avec le ou la photographe, chercher ce qu’il veut exprimer, enlever les préjugés, les malentendus et traduire en mots ce que l’image cache ou révèle. (Dany Leriche)

3 Si un texte a été écrit sur votre travail quel bénéfice en avez vous reçu ? 

De la reconnaissance symbolique !

Comment discuter de mon propre travail de manière concise et engageante. J’ai aussi appris qu’il est important que le critique et l’artiste s’écoutent vraiment l’un l’autre. (Chuck Samuel)

Une légitimité.  Le critique doit se montrer ouvert à toutes les formes d’écriture (Louise Narbo)

Que la critique soit réelle et non juste une « publi-information »

Rien ne peut être négatif dans une critique à condition de se détacher de son affect.

Il donne au travail une certaine crédibilité. Par exemple dans le cadre de « la critique.org »les textes ont donné une plus grande visibilité au travail. (Jean André Bertozzi )

4 Moyens d’informations sur la critique

Préférence est donnée aux livres et revues Les sites internet suivent La radio vient en dernier

Tous ces supports ont des usages différents. Les sites internet et réseaux sociaux d’ailleurs, me permettent un suivi événementiel et c’est essentiellement de cette façon que je me connecte aux événements photographiques qui m’intéressent.  Ma culture photographique tient dans sa plus grande part à celle du livre (monographies, catalogues, etc) Je ne "consomme" plus de revues photographiques depuis plusieurs années. Il m’était apparu une certaine baisse dans la qualité de celle que je lisais il y a une dizaine d’années. (Hélène Canaud)

Les copain-e-s et collaborateur-ices ( Facebook et instagramme ) Des sites : lacritique.org, viméo, arte, sites des galeries France culture : LSD, Par les temps qui courent Divers livres et catalogues d’expositions (Lilie Pinot)

5 Suggestions

J’aime les regards et les analyses qui tissent des liens entre les œuvres d’art, leur ancrage dans l’histoire, les échos avec d’autres pratiques y compris non artistiques, et nos efforts de faire de l’hospitalité, de l’accueil et de l’attention un fil rouge de notre existence.  (Suzanne Hetzel)

Organiser davantage de rencontres professionnelles en physique (plus long que 20min) pour aller plus loin dans la démarche d’un auteur. (Guillaume Martial)

Que les critiques prennent la mesure d’un travail qui est toujours (et heureusement) jamais fini, qui évolue toujours je rêve d’une critique qui prendrait en compte toutes les hésitations, les ratages pour voir la rage d’expression. Je trouve que les brouillons de Flaubert sont exemplaires et éclairent grandement son œuvre. On pourrait faire pareil avec un photographe. (Christian Milovanoff)

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++INFO++
Ont répondu à ce questionnaire : Serge Assier Jean André Bertozzi Hélène Canaud Anna Guillo Jean Luc Amand Fournier Suzanne Hetzel Dany Leriche Guillaume Martial ChristianMilovanoff Louise Narbo Lilie Pinot Chuck Samuel

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