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Thomas DEVAUX, Rayons à la galerie Bertrand Grimont ou Hypertemple, ondes chimériques

Rayons 10.6
Rayons 10.6
La galerie Bertrand Grimont expose jusqu’au 16 juin 2018 dans un solo show le dernier travail de Thomas Devaux, photographe né à Paris en 1980. Une œuvre dont les couleurs rothkotiennes sont serties d’or. Ocre du sacré. Le spectateur pénètre dans un espace savamment orchestré clair puis obscur qui invite à la contemplation. Un hyper temple. Rayons d’ondes chimériques. La première salle scintille rose. Aurore boréale ? Ciel ? Les pièces plus obscures, violines sont dans la seconde salle. Horizon. Portrait ? Profondeur d’un palimpseste artistique s’il en fut, Rayons de Thomas Devaux est une onde à l’abstraction, un monde dont la polychromie symbolique fait écho à l’usage et aux pratiques de la société de consommation de l’hypermarché.

Voir en ligne : www.bertrandgrimont.com

Ces photographies, ces presque toiles n’offrent aucune accroche au réel. Et c’est pourtant bien à partir du réel que le photographe compose ses gammes chromatiques. Deux ors différents sont utilisés comme cadre à l’image. Un or jaune de 24 carats et un or champagne de 22 carats. Ces cadres-métaux-précieux ne reflètent pas la lumière de la même manière comme si la clarté évanescente déposée sur l’objet photographique venait de l’extérieur. Jaune ou rosé, la présence de l’or confirme une inéluctable relation au sacré délibéré. Les objets préexistants sont des étals d’hypermarché. Cette réalité de grande surface est celle de l’image capturée puis floutée d’un tapis de caisse enregistreuse. Choix personnel de l’artiste, le quadriptyque Rayons 22.9 Parties 1,2,3,4 (2017) [140 x 140 cm] est sublimé à son extrême. Le véritable sujet est la couleur. La gamme chromatique devient personnage. La ligne, au cœur du travail de Thomas Devaux est la simple juxtaposition de deux photographies d’objets similaires Rayon 22.2 (2017) [160 x 130 cm].

Les signes qui composent l’univers de l’hypermarchés sont ceux d’une multiplication d’objets alors que la ligne pure à laquelle l’artiste veut accéder s’impose dans sa relation au sacré. Cadre métallique doré à l’or fin. Feuille d’or que ne recouvre pas le cadre du Shopper, ce portrait de femme anonyme Shopper 9 (2017) [100 x 75 cm], capté sur le vif faisant ses courses dans un supermarché tranche par sa blancheur. Le portrait est en noir et blanc. Palimpseste d’une dame âgée. On lirait presque son ou ses histoires. Elle est en train de payer. En off cet « obscur objet de désir » le sac contenant le porte- monnaie ou la carte bleue qui est le sésame de ce « foule sentimentale » d’Alain Souchon. En IN un palimpseste qui raconte l’histoire d’une vie passée et le présent d’un futur. Thomas Devaux capte les traces, par ce traitement de l’image, de ses rides fruit d’une existence vécue. Des microsillons.

Les couleurs ont leur propre énergie. Ces aplats une texture fissurée d’épaisseur. Ces violines, ces roses pastels dont le cadre a une aura naturelle diffuse sur l’objet photographié PURPLE, PINK une luminosité qui confère à l’œuvre cette invitation à la contemplation si chère à Thomas Devaux. L’hypermarché travaille le linéaire. L’artiste lui apporte un travail sur la ligne. Lorsqu’il fait une photographie, il obtient un minima créé par un zoom une ligne très pure qui dénonce l’absurdité du linéaire dans les techniques de vente de l’hyper. L’artiste veut une cassure. Le doute mis sur l’identification de l’objet photographié est volontaire. Gold. Un ciel au centre de la croix ? Un horizon pour cette violine en diptyque ? Rayons 13.7 (2018) [160 x 130 cm]. Le jeu de l’artiste est de flouter le réel, d’en malaxer les couleurs. Le cadre est une nécessité qui s’impose afin de délimiter l’espace. La photographie sans cadre imaginée au début de son travail, ne fonctionnait pas. Le cadre est le révélateur de l’objet photographié. Invitation à une transcendance toute chimérique, onde de la trace chromatique magnifié dans un cadre doré. Contemplation. Le regardeur redevient spectateur. « Obscur objet de désir » n’est pas une fable purement plastique. Le spectateur peut s’y plonger comme dans l’horizon d’un temple loin de celui de la consommation. Ces rayons dont le sujet originel est les rayons de supermarchés de l’avoir « plein les tiroirs » devient un retour à l’Etre. Non à la stratégie marketing sous-jacente à l’achat compulsif. Une palette standardisée dans les temples de la consommation que sont les hypers. Nous sommes loin de la trivialité du modèle. Le spectateur franchit à l’espace 42 de la rue de Montmorency un sanctuaire de la distribution en pluie d’ondes chimériques. Projection de leur seule présence.

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++INFO++
Galerie Bertrand Grimont 42-44 rue de Montmorency 75003 Paris Thomas Devaux, Rayons Exposition ouverte du mardi au samedi de 14h00 à 19h00 du 10 mai au 16 juin 2018.

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