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Les rumeurs de nos planètes sonores

Planètes sonores
Planètes sonores
Comme nous le fait remarquer Alexandre Castant dans son ouvrage Les Planètes sonores, il est difficile de décrire le son. En effet, parce qu’il est lié à l’espace, le son a la particularité de nous plonger dans un univers tridimensionnel. Si notre oreille externe est l’organe de l’ouie, notre oreille interne dans sa complexité nous renseigne en permanence sur notre position dans l’espace par rapport à la pesanteur. Grâce à ces deux oreilles nous sommes en union physique constante avec la planète. Entre « la vieille basse continue des eaux maternelles » décrite par Pascal Quignard et la pollution sonore de notre monde, Alexandre Castant nous entraîne dans une mise à jour passionnante, de trois grandes planètes sonores que sont la radio, les arts plastiques et le cinéma. Dans ces trois domaines l’auteur nous fait comprendre comment le son s’est fait image.

Voir en ligne : http://www.monografik-editions.com

Comment l’utilisation d’une image sonore vient-elle modifier la perception de l’écoute d’un texte ? Dans ses adaptations littéraires pour la radio, Pierre Schaeffer a exploré l’association d’une narration à des images sonores, comme pour nous plonger dans un paysage sonore qui se voulait plus « réel », qui agrandissait, qui sculptait les images intérieures que nous pouvons nous faire à l’écoute des textes.

Comment l’art s’est emparé du son, du bruit, de la voix, de la musique, du silence, de l’inaudible, dans une poïétique qui connut ses crises et ses utopies. Dans le passage entre les arts visuels et le monde sonore, outre le cri, celui de Bacon et celui de Munch, où il est question de figurer le son, certains rêvent le moment où, comme le mentionne Louis Marin à partir des écrits de Paul Klee « …la musique serait indiscernable de la peinture, un univers où les yeux seraient des oreilles… ». C’est le mérite d’Alexandre Castant de nous faire accéder à l’histoire du son dans la plupart de ces grands moments de création qui traversent les arts plastiques modernes et actuels.

« Comment faire des images qui vont avec des sons… ? », se demandait le cinéaste Robert Kramer. Il expliquait comment le son pouvait ouvrir le fond de l’image pour la rendre plus suggestive, ce qui reviendrait à dire que l’image visuelle étant plate, en deux dimensions, elle s’augmente de la troisième dimension avec le son. Dans le domaine du cinéma, Alexandre Castant ne fait pas que recenser l’importance de la plastique sonore cinématographique qui habite désormais notre imaginaire personnel et collectif. Il nous montre que les grands cinéastes, ceux qui ont laissé une empreinte en nous, Eisenstein, Welles, Hitchcock, Bresson, Bergman, Antonioni, Robbe-Grillet, Wenders ou Godard, se sont toujours posés la question de la bande sonore et à quelles fins ils l’ont utilisée. Dans cette subtile association image/son, Godard prend le parti de décaler de façon aléatoire et chaotique, peut-être pour nous enjoindre de ne pas nous laisser fasciner par ce que l’on voit.

Si notre époque a privilégié l’image visuelle pour le meilleur et pour le pire, nous ne devons pas oublier que l’image créatrice est toujours polysensorielle et affective, et que les images sonores ne sont pas des annexes de l’image visuelle. Nos premières images ne sont-elles pas sonores ?

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++INFO++

Planètes Sonores (radiophonie, arts, cinéma), Éditions Monografik, Collection « Écrits », Blou, 2007, 208 pages. 25€

ISBN 978-2-916545-40-0

Éditions Monografik, 6, place de l’église, 49 160 Blou. Tél. (0)6 26 02 94 44.

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