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Les espaces voyous de Michel Le Belhomme

Premier prix www.lacritique.org / Voies Off

Variation La bête aveugle
Variation La bête aveugle
Parmi plus de 1100 dossiers reçus cette année en provenance de 60 pays le jury composé de Michel Poivert, Christian Gattinoni et Christophe Laloi a remis le Prix Voies Off 2010 à Lisa Wiltse, pour sa série « Mennonites of Manitoba, Bolivia ». Ce jury a également remarqué les travaux de 8 candidats qui ont été nominés pour le Prix Voies Off 2010 : Ben Graville (Royaume-Uni), Elise Guillod (Suisse), Frank Hallam Day (Etats-Unis), Gichoel Shin (Corée du Sud), Guillaume Millet (France), Pierre Andreotti (France), Renhui Zhao (Royaume-Uni), Thomas Rousset (Suisse). Notre rédaction a par ailleurs attribué le premier prix www.lacritique.org à Michel Le Belhomme , ce texte accompagné d’un portefolio sera aussi publié dans le numéro de septembre de Photos Nouvelles , notre partenaire.

Voir en ligne : http://www.yourshot.eu/michellebelhomme

Tout se joue au plus près des objets, l’espace n’existe qu’obstrué, saturé. Le carré de l’image renforce ce jeu de plénitude, le photographe bourre son cadre comme un all over d’ombre et de lumière. Il y loge toutes sortes d’installations précaires.

Dans les pratiques récentes ce lent protocole sculptural qui fait tableau a une histoire depuis les sculptures involontaires de Brassaï, en passant par les ready made à l’échelle et point de vue rectifiés par Patrick Tosani. Sans compter les variantes anamorphiques pour couples bricoleurs Loriot et Mélia ou Sue Webster et Tim Noble. Du premier Michel Le Belhomme a retenu l’utilisation des matériaux sans qualité, leur pouvoir de transformation. Du second il travaille la singularité des objets et leur métamorphose dans un jeu de proximité, perturbé par distance et variation d’échelle. Des derniers il a retenu l’importance du point focal d’où tout se fige et se remet autrement en place.

Michel Le Belhomme a suivi l’enseignement de Tom Drahos à l’Ecole des Beaux Arts de Rennes. Il en a tiré toutes les conséquences techniques de maîtrise et manipulation des paramètres propres à la photographie. Un certain humour tragique en sus.S’il a aussi retenu toutes les leçons du coloriste il n’en garde pas la gamme aussi étincelante que flashy. Les couleurs ici sont sourdes, elles travaillent en camaïeux de beige et de gris. Elles se réchauffent à l’occasion de quelques flammes de petites mises à feu expérimentales. Ces gammes subtiles se développent dans la pénombre complice d’un micro-laboratoire pour des essais improbables. Oui ce sont là couleurs de nuit ou d’observations visuelles moins liées au rêve qu’à de petits cauchemars pour apprentis claustrophobes.Il en résulte moins angoisse que jouissance d’une perversion des codes régissant les espaces intimes.

« Malheureusement l’espace est resté voyou et il est difficile d’énumérer ce qu’il engendre. Il est discontinu comme on est escroc » ce que Georges Bataille évoquait dans Le dictionnaire critique en 1970 le photographe s’attelle à le réparer dans une perspective très actuelle.

En réaction à la froideur grand format des frontalités de l’Ecole de Dusseldorf on a dû subir ces dernières années tout l’ennui domestique de l’école du banal. Ce travail aujourd’hui vient nous venger de ces kilomètres de seconde à rechercher la mort exacte d’une médiocrité exaltée. Chaque image nous propose a contrario une aventure marquée du sceau d’un quotidien exalté.Certaines sont frappées d’une fatalité de mémoire, d’autres respirent le regain d’ énergie d’une matière qui se venge des petites constructions humaines. D’autres encore suintent leur parfum de catastrophe à l’échelle des sous-continents, vestiges de nos demeures. Toutes transpirent un baroque précieux de l’entropie des architectures intérieures.

Produisant des images singulières qui auraient retenu les leçons des aphorismes d’Henri Michaux, Michel Le Belhomme rectifie dans son viseur ses sculptures d’une haute économie de moyens. Presque rien domestique et je ne sais quoi travaillé main développent une philosophie visuelle de la précarité faite œuvre.

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