Soul trigger de Patrizia Zelano
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Les 79 photographies du livre, considérées comme autant de déclencheurs d’âme sont organisées selon deux grandes parties les arcanes créatifs et les arcanes universaux.Le premier mouvement relie quatre perceptions liées aux quatre éléments de la nature : Ténèbres et Terre, Lumière et Feu, l’Eau sous sa forme glace et le neutre , l’Air comme la rose des vents symbole du libre arbitre. Le système fondé sur ces synergies naturelles s’oriente selon les points cardinaux . Les premières perceptions semblent pulsées, produisant attractions et entrelacements de matières. Terrestre et céleste se posent et fusionnent.
Çà surgit du noir, en profusion de matière, ça efface les courbes corporelles, ça tournoie dans l’indécis, ce sont d’improbables ténèbres que l’artiste recrée en en lumière naturelle dans son garage transformé en atelier.
Puis ça se désintègre sous les flammes, sans flirter avec l’enfer et ses visions clichés, ça flotte dans l’opaque, le corps n’est qu’un support d’arrière plan, ça émane parce que ça peut s’élever, ça fulmine tenu par une chaîne dans la pénombre, c’est consumé, le noir et la flamme dialoguent à chaud.
C’est ancré, c’est la glace qui fige dans le temps, ça fait sculpture des métaux déjà moins fragiles en recherche d’une éternité dans l’image, si transformés qu’on dirait de la pierre, la glace a fondu en résidus décidément plus organiques.
La cartographie des vents détraque l’unicité noire des fonds, c’est l’entrée des couleurs , le cotonneux et le léger adviennent dans le cadre, une surveillance fondue s’organise, une forme d’esprit flotte. C’est le règne des brumes où il existe toujours quelque chose qui résiste, on assiste au triomphe de l’intégrité des formes en suspens ou qui se recomposent. Une forme de libération nous conduit vers l’intouchable, l’immatériel , l’aérien.
A supposer que vous ayez joué le jeu, que vous ayez navigué de façon aléatoire pour vous tirer ces lames de tarot iconique, vous pouvez dès lors envisager les vingt trois images associées à des mots qui constituent l’arcane universel. Les différents états de nature se mêlent dans ce retour vers le solide sur fond noir qui peut devenir mousseux ou spongieux. Elle semble vouloir tester la patience de la matière qui peut se transformer bijou ou masque animal, avec toujours la double présence du masculin et du féminin. Image et texte suscitent l’opportunité d’un phénomène de gravité inversée, ça flotte en résonance, façon forteresse dans le ciel.
Le tactile et le sonore créent des curiosités dans l’aérien, le presque rien enchaîné et tissé d’herbes sèches se mêle de tissu et de terre, et si on parlait de matière grise, d’un enfermement dans la pensée, la folie contrôlée, ce qu’on craignait perdu revient faire sens.
Dans sa somptueuse mise en page graphique le livre permet à chacun d’entrer dans un processus magique d’introspection dans lequel l’invisible devient de plus en plus présent, sensible et visible grâce au pouvoir d’activation des synapses neuronaux. En consultant ce livre au quotidien, en dérivant au fil de la rose des vents, Patrizia Zelano nous invite à un voyage introspectif pour stimuler notre inconscient.