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Des valeurs ajoutées à la plastique des media

 Jean Kapera Crime...Crime, 1970
Jean Kapera Crime...Crime, 1970
La version française affadie de l’exposition « High and low » présentée au MOMA de New York en 1992 s’intitulait « Art et Pub », c’est sous cette double influence qu’a été inaugurée l’œuvre de Jean Kapéra (1920-1986) défendue par Pierre Restany sans avoir été assimilée à celle de ses aînés de quelques années du « Nouveau réalisme ». Il inaugure en en effet une nouvelle esthétique.

Pour Jacqueline Boutet-Kapéra

L’un des premiers en France, il a su mêler les sources de la haute culture, qu’il avait étudiée dans ses humanités, et celles de la culture considérée comme basse qu’il pratiquait dans ses occupations alimentaires. De 1960 à 1972 alors qu’il exerce sa profession de publicitaire il est amené à récupérer d’abord les flans de presse permettant d’imprimer les journaux, non seulement ceux d’information générale mais aussi ceux de la presse à sensation de l’époque. Ce sont ensuite les bandes en papier du journal passant devant des éclairages diffusé alors au fronton de la gare Saint-Lazare qui vont subir la transformation picturale des « Tableaux lumineux ».

Même si Restany l’avait invité dès le début des années 60 à participer à l’exposition « Les aventures de l’objet » à la galerie « J » à Paris, la réactivation de ces deux sources de la low culture déplace l’intérêt de sa pratique vers la communication et les médias. Les flans de presse agrafés pour faire masse sont colorés afin de valoriser telle ou telle expression qui fait souvent l’objet du titre dans son aspect le plus provocateur, sans nier une certaine dimension d’humour. On y retrouve des échos mis en page des grands événements comme la mort d’Edith Piaf, l’assassinat du Président Kennedy ou les premiers pas de l’homme sur la lune.

Très vite ils vont subir la transformation radicale du traitement à l’or qui complète le passage à une réelle troisième dimension. Certaines sculptures de flans vont s’assimiler à des objets symboliques, lingots, revolver ou mitraillette. Incurvés et réunis ces flans agrafés et passés à l’or deviennent des tours s’élevant jusqu’à plus de deux mètres de haut. Cette thésaurisation séquencée de l’information marque l’apogée de ce que Jean Kapéra appelait lui-même « la plastique des médias ».

Par ailleurs l’artiste a toujours été fasciné par la notion de très grand nombre. C’est ainsi qu’il a réuni sa documentation photographique, elle aussi retravaillée sur les hauts lieux internationaux du tourisme dont les Sept Merveilles du Monde, sans négliger les lieux de rendez-vous contemporains comme la Tour Eiffel. Il les a réunis dans « le diaporama mappemondial » présenté au Centre Georges Pompidou l’année de son ouverture.

Conscient de l’intérêt des nouveaux outils de la haute culture technologique de son époque il est aussi l’un des premiers dans notre pays à pratiquer dès le début des années 70 le dessin assisté par ordinateur. Il met ainsi en place la série du « Milliard », sur des feuilles de 110 par 75 cm, « susceptibles de contenir environ 10 000 chiffres ».

Anticipant aussi sur l’art fractal ce « monument-milliard-réel » prouve que chaque œuvre, « tel fragment du milliard en un seul dessin peut offrir la virtualité de son inaccessible réalité. » Faisant les liens entre ces deux principales pratiques novatrices Kapéra reconnaît que c’est lors « du ramassage à des fins artistiques des flans de presse dans les imprimeries, qu’il a vu alors que le Milliard était devenu la Huitième Merveille du Monde. »

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