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Parmi les réalisations qui peuvent ravir un grand public comme des amateurs d’art on trouve trois jardins évocateurs de réalités symboliques. Le pouvoir des sorcières mis en œuvre par des Coréens offre un abandon débridé pour un jardin mémoriel, tandis que La 4e inspiration nous invite dans un atelier à ciel ouvert sur un jardin avec chambre claire et que La planète en ébullition réalisée par Alexis Tricoire apparaît comme un manifeste face au dérèglement climatique. Beaucoup de ces jardins offrent une construction centrale qu’il faut découvrir par un chemin de ronde, le plus réussi De l’autre côté du miroir nous oblige à pousser une porte pour pénétrer une galerie des glaces verdoyante. Mais la plus grande réussite est due à une équipe italienne qui réalise l’ensemble de murs végétaux Monochrome blanc, en son centre un miroir d’acier déforme les silhouettes des visiteurs les incitant à s’approcher, dès lors ils découvrent le verso de ces murailles offrant une palette de couleurs florales.
Dans le château un grand nombre d’aquarelles et de gravure à l’aquatinte de Sam Szafran nous entraînent dans ses jungles intriquées d’où ne surgit que la silhouette fragile de la femme du peintre. Les fleurs de sucre de Karine Bonneval éclosent sous globes pour orner la bibliothèque et la salle du conseil. Dans les combles 12 des anciennes chambres de bonne sont investies par Sarkis qui y a organisé le fouillis de meubles, d’armures et de vestiges de la vie ancienne du lieu qu’il fait dialoguer avec des sortes de vitraux modernes comme autant d’images de vie et de mort.
Toutes les disciplines sont présentes, ainsi dans le parc historique on peut rêver au pied de l’Arbre aux échelles du sculpteur et photographe François Méchain en repensant ou non au Baron Perché de Calvino, ou s’adonner In-Out aux Paradis Artificiels que Miguel Chevalier nous invite à ressentir en immersion multi-sensorielle dans un dôme où résonne la musique de Jacopo Baboni. Cette alliance se retrouve dans une des stalles des écuries où Stéphane Guiran nous confronte dans Le nid des murmures à 4000 fleurs de quartz tandis que les propos sussurés d’enfants indiens de la caste des intouchables nous entraînent dans leur voyage. Dans le même lieu les suspensions florales de Rebecca Louise Law nous incitent à prendre en compte les architectures pour une subtile moisson visuelle.
Dans l’Asinerie de la ferme Marie Denis installe son Herbier de curiosités, fait de plantes de cadres et de miroirs dans une approche très grand siècle. L’aspect ordonné de tous ces éléments où le les beiges et les ors se répondent se trouve contrasté par l’installation la plus étonnante, Les pierres et le printemps. Le couple suisse Gerda Steiner et Jörg Lenzlinger investit la totalité de la très belle chapelle en un ensemble haut en couleurs qui renoue avec un baroque de la nature. Cet entrelac de branches et de feuilles peut évoquer dans ce all over spatial les sculptures de Sarah Szee, il donne à voir le lieu, le rend encore plus spirituel dans ce dialogue puissant avec la nature.
Jusqu’au 5 novembre cette richesse de propositions mérite que l’on consacre une journée entière à apprécier le pouvoir des fleurs décliné par d’aussi grands talents de jardiniers, de paysagistes, de plasticiens qui se consacrent à faire exulter leur création en lien au patrimoine comme à la nature