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Agnès Geoffray, quand l’image performe l’inconscient

- Les impassibles, 2018 - photographie, 20 x 30,5 cm - Courtesy Galerie Maubert
- Les impassibles, 2018 - photographie, 20 x 30,5 cm - Courtesy Galerie Maubert
Pour que l’image se fasse mieux performative Agnès Geoffray nous invite à prendre des gants avec les langages du corps. Au propre ces gants féminins de soirée sont transpercés de mots qui relèvent de ce que John Austin dans « Quand dire c’est faire » a nommé des verbes performatifs ou actes de langage.

Voir en ligne : https://www.agnesgeoffray.com

L’acte de nomination s’est exercé dans Incidental Gestures à partir d’images d’archives sur des moments singuliers juste avant la chute, juste après l’impulsion qui redonnent un visage à une gueule cassée, rhabillent une femme tondue à la Libération, donnent une version quasi angélique d’une pendue dont la corde a été supprimé.

En ouverture de l’actuelle exposition une série de cadrages serrés suggèrent la version écrite de ces post-it gestuels. Juste après cette série une étagère offre la première paire de gants Les élégantes avec son prolongement photographié d’une main figée sur la suspension de son mouvement. Comme l’écrivait l’historien d’art Horst Bredekamp : « L’acte d’image […] crée des faits […] en posant des images dans le monde ».

Sous forme de projection de diapositives une série organise une sorte d’alphabet manuel parallèle à la langue des signes mais revendiqué en tant que Choreography. Ce n’est pas la première fois que des plans serrés de mains se font danse. Mais le propos est ici tout sauf illustratif parce qu’en transit d’un art à l’autre. Le titre de l’ensemble de l’exposition Battling with the wind le prouve, bien qu’ apparemment léger il fait référence à un symptôme post-traumatique des soldats de la première guerre ne pouvant maitriser des gestes irrépressibles.

En introduction à l’exposition Sally Bonn rend compte de ce rôle : « C’est la main qui permet de passer d’un espace à l’autre, d’une époque à une autre dans une atemporalité ou une transhistoricité revendiquée. Elle est organe de la sensation. »

Une autre projection montre le combat lui aussi chorégraphié sous le titre L’esquive. Dans son aspect mimé on peut penser à la pièce dansée de Wim Van Dekybus Ce dont le corps ne se souvient pas. L’artiste évoque quant à elle « la survivance de gestes et d’images archétypales », ils peuvent avoir le même pouvoir interrogateur que les micro-gestes des oeuvres de Jeff Wall.

Le corps fragmenté ou en confrontation à l’autre démultiplie la diversité des gestes qui évoquent le jeu ou des rites dont nous avons souvent perdu le sens premier, dont il ne subsiste que le protocole. Des relations de contrainte ou de soumission s’y font jour, et parfois un révélation semble pouvoir en surgir.

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++INFO++

Galerie Maubert 20, rue Saint Gilles 75003 Paris galeriemaubert@galeriemaubert.com

https://galeriemaubert.com/ "Battling with the wind" Exposition du 8 septembre au 20 octobre 2018

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